LE VOILE DE MON CIL ANSE


Yolande AMBIANA -Photo Amber van Schendel

Photo Amber van Schendel Yolande AMBIANA

Venue sur la Toile à fin de ranimer ma flamme!

Aujourd’hui est un jour où je m’en ramasse plein la vue…

Une enfant prodigieuse, entrevue au détour escarpé d’un reportage sur les montagnes afghanes, soulève puis rajuste délicatement mon : Voile…

Quand la Toile apparaît à la fente de ses yeux

Le Voile suinte à l’orée de mon regard.

Hidden Faces

Hidden Faces

La salle de classe est vétuste, mais habitée de sourires enfouis riant sous cape. Elle emplit mes sens de souvenirs suaves et sauvages des résines de mon banc d’école : des colles.

Le visage de l’élève qui m’élève, siège sur un écran plat en guise de tableau noir, mais ses traits se profilent à l’horizon dans toutes leurs dimensions, ni une, ni deux, ni trois…

Le caméraman s’approche de ma « cible »…

D’une simple détonation, la balle bien calibrée palpite et cerne d’un coup la pupille de mes yeux qui scintillent. Je suis touchée au cœur !… Par une larme, je pleure…

Je vis, j’ai vue en elle où je vois double. Dans un sursaut et en un tour de menottes, la fillette frémit, rabat furtivement un voile sur son minois d’ange à fleur de peau. Puis se replie gracieusement dans cet abri bien dérisoire. De bonne fortune tout de même, car dans l’arabesque, la fine étole est irriguée de la jeune âme enfantine! Elle me frôle à vif…

Une vraie parade où ce numéro de voltige écarte l’intrusion d’une main pouvant se révéler indiscrète, invasive, voire malhabile à son insu. Un gant criblé d’écailles même brodées d’or blanc, risquerait de puiser, entailler, extorquer, des pans entiers de sa pudeur fébrile…

Avant de les enkyster dans l’excroissance d’un fichu de lin, de chanvre, où d’un carré de soie.

Pourtant, dès lors que pour survivre aux yeux du monde, nous agrippons désespérément une pièce de tissu ou tout autre objet. Ne serait-ce pas plutôt qu’une membrane de nous-mêmes a été violemment, viscéralement mise à nue, subtilisée, excisée en quelque sorte…

Toujours à notre insu portée aux nues, cristallisée comme par magie, telle un pont en rideau entre nos deux yeux (?!)

(De quoi repérer dans mes lunettes un vestige de ma vision d’antan ! Il me vient soudain l’envie de serrer les doudous de ma tendre enfance. Hum…)

Mais qui n’a jamais dès son bas âge porté à son visage, le dos frêle de sa main ! Simplement dans le fond en un élan de protection, comme un dernier rempart… contre les autres.

Oui, quelle « est moi » cette main de l’émoi, dans « les moi » !!!

Un voile si malin  se déguiserait-il à sa guise dans ma main, s’en parerait-il ?! Le coquin…

Ce tir à bouts portant me moule frileusement dans le temps à mon tempo, mais au bon « T’aime peau »… Tout près de mes enfants.

A la proue du navire qui nous embarque ici…

Je les vois secoués d’une tempête titanesque ! Un voile intime presqu’un murmure…

Sculpte pourtant la caresse de ma main à travers leurs cheveux d’anges…

Puis le voilà flottant soudain dans la trame de mon être, tel un drapeau en berne arraché par endroits, enroulé autour de son mat. Ployé ainsi dans la brume, mais dis-moi quel bateau ne chavirerait pas, et quel pas ne chancellerait ?!

Ce rideau là je ne le pressens pas, ne le ressens plus… je le sang…

Si fine la frontière entre nous, quand tous mes ports ouverts savourent le nectar de la vie !

Malheureusement érigée en barrières, elle m’agresse et pourtant ;

Dans le souffle du mot « tranchées », je reconnais son pli,

Dans le velours de la peau tannée, laminée, vitriolée,

Dans la capuche du landau qui m’a portée bébé…

Rien à voir donc en mon cocon avec le nid vitreux, râpeux, rugueux, de nos toiles d’ici où d’ailleurs. Elles nous collent à la peau sans la laisser respirer, faisant de la si noble étoffe de soi, le terrain de l’escarre ou de la cataracte. Et quand elle nous tient dans ces filets la toile, chacun prend sur lui pour son grade !

Du voleur invétéré… Au gendarme « m’a traqué » (Tout comme un vétéran)

Du mendiant embouteillé… Au souverain couronné (Souvent de sa fainéantise)

Du criminel impénitent… Au prélat en soutane (Qui parfois se prélasse)

Un militaire promenait fièrement sa dégaine sous mon esplanade, en me faisant le coup du gringue. Alors je déclamais, de mon précieux voile du palais :

« Vous voilà bien chargé…

Si vous souhaitez que je vous suive il y a lieu de baisser votre arme, car voyez-vous cher monsieur, rien ne sert de changer votre fusil d’épaule. Sur les pôles…

Il n’a jamais bien tiré ! »

Les clichés ont la dent dure pour agrafer notre combinaison. Ils la projettent dans une lumière crue, qui n’a pas son pareil pour débusquer tous nos travers. Tantôt nous la portons fringants quand elle nous couvre de confort, tantôt elle nous fait honte en exhibant nos pires faiblesses, sous les barreaux de nos prisons. Mais tout comme un cadavre bien encombrant, il n’est pas judicieux de la ranger dans son placard. On porte même sa manne contre vents et marées…

Dans l’étoffe des bonnes manières, on la découpe certainement sur mesure à partir de patrons biens et Bolloré (Oups, é l a b o r é s). Mais ceux qui la portent avec dédain, se voient par l’habitant des fermes appeler bien élégamment : « Peau de vache » !!!

(C’est merveilleux !… Tout en nuances ce sacré voile…)

Hey oui, ce bon vieux millésime a pris de la bouteille ! Bien à l’abri des cuves, il est préservé des regards, mais dressé sur les tables dans sa robe rose, blanche ou grenat, il s’étale à la vue de tous et bien évidemment, se verse parfois… Sur nos nappes.

La voix du voile… Vois-le ! Sa forme est insondable. Ses fils tirent tout entrelacés sur la toile. Une vraie caverne d’Ali Baba, où le styliste pour un beau défilé, se doit d’être est un génie…

Du filet qui s’effiloche entre les mains de nos pécheurs, au masque de fer forgé chez les guerriers…

Elle joue tout autant dans la glace à paralyser nos cœurs, sans laisser de trace en surface… À fondre ensuite au fil de l’os sous la forme sinueuse d’une larme, avant d’onduler sous nos yeux en volutes épais de fumée, affalée sur un canapé…

Je comprends aisément ici d’où nait ton expression : du « monde ondoyant et d’Hiver »…

Mais en nous échinant à briser la glace, n’oublions pas que sous le soleil des Tropiques de notre cœur gelé, elle finit toujours par se réchauffer.

Mais tout autant que sa texture, la saveur de notre voile sait se montrer épicée ; face à certains convives indésirables mais insatiables, elle n’hésite pas à infiltrer nos moustiquaires… N’est-ce pas ! Ou plus passionnément encore, à s’insinuer dans nos cuisantes et folles étreintes. Ainsi est-il d’usage de croire que  « l’Amour est aveugle ». Je pense surtout qu’il devient borgne, quand le désir est dévoilé, dévoyé sur un terrain de l’âme tout simplement : Miné.

Que dire alors de mon IPhone ? A Very very big « Eye » !!!

Au-delà de me voiler la face, mon profil danse sur sa toile…

Ouh ! Là le logiciel est géant, il vaut mieux être Smart, faire ami-ami avec lui et rester de bonne composition, surtout ne jamais chercher la petite bête à madame l’Araignée. Vous savez, « la reine niée » qui ronge son frein où « l’arène y est »…

Ne penses-tu pas jolie petite fille afghane !

Surtout que ce petit écran cacherait à merveille toutes les lignes de ta main réputée douce, sensuelle et hautement symbolique quand elle est bien traitée. Certains n’y verraient-ils pas dans la marque de ton destin… une subtile trace à suivre ?… Si cette plaque froide ne faisait pas écran entre la chaude poignée amie, celle qui nous unit.

Mais inutile de te convaincre petite fille aux grands yeux sages. Combien de fois dans la cambrure de ta paume de mains, contemples-tu ravie les paysages du Henné… Les vois-tu dévaler des doigts agiles de ta grand-mère ! Des perles venant se déposer sur les ongles émaillés de ta mère…

Ah! Douce petite fée, si elles m’étaient contées…

Hey Oui ! Tu vois… Le Voile aussi ça me connaît. D’un battement de cils, d’une envolée de mains, tu viens de déployer mes ailes ; Elles font partie de notre histoire mouvementée, de mon identité qui frémit, de la nature du lange qui m’a accueillie en ce monde des « Mille et une nuits ».

La frêle embarcation de notre poignée de mains bascule bien souvent, mais à la croisée des chemins, ton regard ne m’a pas jugée, il m’a recouverte du simple voile : de ta candeur.

Shéhérazade nous sommes toi et moi, toi en moi, les pétales d’un même lys, mais nos épines remontent la tige d’une rose écarlate. Si j’étais un parfum au pays de l’encens, là où ta toile étale ma note de tête, mon voile exhale ta note de cœur, dans le fond.

Car où l’Esprit fait Loi, le monde régit ses règles. Le corps lui-même n’est-il pas masque pour l’esprit ?! Il est parfois bien effrayant…

Dès que le visage intérieur de la société est nu, il devient vulnérable et s’expose ainsi à la gangrène des pulsions, tant sa vision même inconsciente, est insoutenable. Sous toute forme que ce soit, la peau du masque apparaîtra pour le couvrir. Mais lorsque la Vérité transparait, les faux masques se mettent à tomber…

La maladie donne souvent mal à la tête au matin, alors parfois j’ouvre mes volets, par foi ils restent clos sur le monde. En inspirant, expirant tout en clignant des yeux, je respire ainsi en lumière le voile : d’une vraie panacée…

Mon menton de musicienne offert aux violons, accueille toute leur sonorité.

Alors pour moi jouer ta partition, c’est faire l’amour avec la vie…

Dans l’haleine de la laine, je sens son souffle…Hum…

Hume mon voile en caressant ta toile

Dégage-toi de la glu tapie dans la paroi

Danse ici avec elle même avec les loups

Fais la nue tourbillonner dans ton sillage

Elle aura de la veine au fil du temps

Dénoue tous les cordons

En affinant son grain

Tu trouveras enfin

Le lissant de ma main.

Laisse arraisonner en toi le son de ma voix

Inspire-toi d’ailes jusqu’à ton dernier souffle

C’est en lui que demeure notre histoire d’amour

La cloche qui tinte en moi, n’est autre que ton voile.

Yolande Marie AMBIANA

http://www.facebook.com/yolande.ambiana?ref=tn_tnmn

Actrice /

Auteur – Compositeur – Interprète /

Ambassadrice bénévole AEDEPS – http://www.aedeps.org

Hyper Realistic Oil Painting by Tigran Tsitoghdzyan
Michèle Ludwiczak -née en 1954 France- (29 photos)

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Hyper Realistic Oil Painting by Tigran Tsitoghdzyan

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http://www.rmc.fr/blogs/brigittelahaie.php?archive/2007/11/29"Vivre c'est porter... le vois-le de l'amour !"

http://www.rmc.fr/blogs/brigittelahaie.php?archive/2007/11/29
“Vivre c’est porter… le vois-le de l’amour !”

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